Né à Saint-Malo le 11 février 1699, il embarque à l’âge de 10 ans sur un bâtiment armé pour les mers du Sud, puis fait campagne aux Indes et aux Philippines tout en étudiant les mathématiques. Après avoir parcouru les mers du Nord et les côtes orientales de la Méditerranée de 1715 à 1718, il entre comme lieutenant au service de la Compagnie des Indes. Au cours de ses voyages aux Indes, il fait escale à l’Isle de France en 1723 et conçoit déjà la valeur stratégique de cette l’île. C’est à cette époque, alors âgé de 24 ans, qu’il compose un « Traité de la Mâture des vaisseaux« . Nommé capitaine en 1724, il embarque sur le Malabar et gagne d’abord Pondichéry, puis Maïhi où il contribue puissamment à la reconquête de ce comptoir secondaire en 1726, grâce à une sorte de chaland de débarquement qu’il avait conçu. Certains chroniqueurs émettent l’hypothèse que c’est à partir de cette époque que le village prit le nom de « Mahé ».
En 1727, il démissionne comme officier de la Compagnie des Indes et se lance dans le commerce d’Inde en Inde. Il se constitue ainsi une fortune personnelle considérable et de solides connaissances sur la région. Il rentre en France en 1733, passe un moment au service du gouverneur portugais de Goa à qui il rend de multiples services et reçoit pour récompense la croix de Chevalier du Christ de la couronne Portugaise. Lors d’un passage à Paris, il persuade le Contrôleur des Finances de Louis XV, Monsieur Philibert Orry et son frère le cardinal de Fulvy, Commissaire du Roi de la Compagnie des Indes, de développer une base à l’Isle de France. Nommé gouverneur général des Isles de France et de Bourbon, il y débarque en juin 1735, accompagné de son épouse Anne-Marie Lebrun de la Franquerie. Président du conseil supérieur, il se met immédiatement au travail et, avec une énergie sans pareille, fonde à l’Isle de France une véritable colonie structurée et durable, ranime l’économie de l’île Bourbon et ne néglige pas l’île Rodrigues où il nomme un Administrateur dès 1736. Il donne une priorité à l’installation d’une solide base navale au Port-Louis. Celle-ci rendra tant de services à la France, que l’Angleterre, qui s’en était emparée en 1810, refusera de la rendre en 1815 au Traité de Paris.
En 1740, ayant obtenu un congé après la mort tragique et successive de ses deux enfants et de son épouse, La Bourdonnais se rend à Paris où il est promu capitaine de frégate et reçoit la croix de Saint-Louis. Sa nouvelle mission est d’aller secourir Dupleix aux Indes. Après son mariage avec Mademoiselle Charlotte Elisabeth de Combault d’Auteuil, il s’embarque à Lorient en avril 1741 pour l’Isle de France. En 1743, il organise la prise de possession des îles Seychelles et donne son nom à l’île principale de l’archipel et, la même année, aménage la petite chapelle de Saint-François aux Pamplemousses. En mars 1746, à la tête d’une escadre de neuf bâtiments, dont cinq furent armés au Port-Louis avec des moyens de fortune, il s’élance à la rescousse des comptoirs français de l’Inde. C’est en route pour Pondichéry, au large de Ceylan, devant Négapatam, que La Bourdonnais réussit à combattre victorieusement l’escadre du vice-amiral Peyton. En septembre 1746, grâce à une préparation rigoureuse et des plans précis, il s’empare de Madras qui se rend après une faible résistance des Anglais. C’est le début du célèbre conflit avec Dupleix au sujet des clauses de la capitulation de cette ville. De retour à Port-Louis en décembre, il en repartira en mars 1747, accompagné de sa nouvelle épouse et de ses trois enfants nés à l’Isle de France. Il reçoit pour mission de ramener en France six des bâtiments ayant servi à sa campagne aux Indes.
Dès son arrivée à Paris, en mars 1748, il est écroué à la Bastille suite aux accusations portées contre lui par Dupleix. Aprés trois années d’instruction interminable, il est reconnu innocent par le tribunal et libéré en février 1751, en très mauvaise santé. Il meurt, peu de temps après sa libération, le 10 novembre 1753.
Denis Piat