Monsieur Taillemite, pour la partie française, présente la bataille du Grand-Port qui s’est déroulée à l’Isle de France du 20 au 26 août 1810, dans le contexte particulier des guerres napoléoniennes. La stratégie de l’Empire était axée sur l’Europe sans prendre en compte l’aspect mondial comme le faisait l’Angleterre.
Les Mascareignes étaient les seules possessions françaises de l’Océan indien, sur la route du commerce des Indes. Le 4 août 1809, l’Angleterre s’empare de Rodrigues qui devient une base de départ de plusieurs raids. En mars 1810, le commodore Rowley, commandant de la Royale Navy, et le colonel Keating persuadent leurs supérieurs d’attaquer l’Île Bonaparte (Bourbon ou Réunion). La remise du pouvoir à sa Majesté britannique est effective le 9 juillet 1810.
À partir de La Réunion, les Anglais attaquent les Français sur le Grand-Port. Le 15 août, ils prennent le fort de l’île de la Passe et le 17 la batterie de la Pointe du Diable protégeant l’entrée de la rade de Grand-Port et la ville de Mahébourg.
Les forces anglaises comprennent les frégates Néréide de Willoughby, Iphigénie, Sirius et Magicienne, totalisant 174 canons et 1170 hommes.
Le 20 août la division Duperré venant des Comores, arrive dans la baie. Elle comprend les frégates Bellone et Minerve, la corvette Victor et deux vaisseaux de la Compagnie des indes, le Ceylan et le Windham, pris un mois plus tôt. Cette force totalise 144 canons pour environ 600 hommes.
La bataille commencée le 20 août à 13h30 allait durer une semaine et voir les différents bâtiments s’échouer les uns après les autres ou s’embosser pour permettre à leurs artillerie d’être efficace. A l’issue de la bataille, deux frégate anglaises sont incendiées et deux ont capitulé.
La victoire acquise est de courte durée puisqu’une force de débarquement britannique, basée à Rodrigues (21 bâtiments de guerre, 24 transports de troupe et environ 11300 hommes), se présente en novembre 1810 pour soumettre l’Isle de France qui capitule le 3 décembre.
M. Taillemite nous décrit la situation du rêve oriental de Napoléon. L’envoi de Decaen en 1803 vers les Indes, il s’arrête aux Mascareignes et prend position à Port-Louis. Les liaisons sont difficiles avec la métropole. L’insuffisance en hommes et en forces navales conduit à une guerre de Courses contre le commerce de l’adversaire.
Nous avons beaucoup appris sur cette période. Citons la différence énorme entre les escadres de la métropole bloquées dans leur port et atteintes par un certain abattement, et les frégates de l’océan Indien qui naviguaient sans arrêt et rivalisaient d’activité et de combativité, magnifiquement illustrées par la bataille du Grand-Port. Nicolas Rodgers
Monsieur Rodgers indique que la bataille du Grand-Port est une événement isolé qui révèle les tendances très différentes entre les deux marines de l’époque.
De Trafalgar à 1815, il y a dix ans de guerre navale entre les deux pays, mais les forces sont devenues très disproportionnées. À partir de 1806, pendant le blocus, les mers sont vides, la guerre devient côtière. La seule guerre océanique est au sud de l’Inde. Seules les frégates attaquent et combattent.
Parmi les nombreux points évoqués, nous avons découvert le culture d’attaque à outrance des jeunes officiers britanniques pour avancer dans la hiérarchie.
Une série de belles diapositives prêtées par Denis Piat nous a illustré cette bataille par des cartes, des images du combat naval ainsi que des principaux acteurs.
Le texte de la conférence est disponible sur demande – Coût 10 €.